Synthèses du Dr Hugues Lamothe

Le Dr Hugues Lamothe est psychiatre à l’hôpital spécialiste des tocs chez les enfants et adolescents, il exerce à l’Hôpital Robert-Debré à Paris.

Le Dr Hugues Lamothe propose régulièrement sur le groupe Facebook de l’AFTOC des synthèses et résultats d’études scientifiques récentes sur le TOC, vos trouverez ici ses synthèses classées par dates.

"Long-term remission rates and trajectory predictors in obsessive-compulsive disorder: Findings from a six-year naturalistic longitudinal cohort study"

Taux de rémission à long terme et prédiction du développement dans le trouble obsessionnel-compulsif : Résultats d'une étude de cohorte longitudinale et naturaliste de six ans
Dans cette étude, les chercheurs ont voulu connaitre le pronostic à 6 ans de patients souffrant de TOC et agés de plus de 18 ans à leur inclusion. 213 patients ont participé. Les patients étaient évalués tous les 2 ans.
A 6 ans, 56% des patients souffraient de TOC de façon chronique (c'est à dire en continu), 30% de souffraient de TOC épisodique (donc un coup oui, un coup non, c'est fluctuant), et 14% étaient en rémission (c'est à dire sans TOC à 2, 4 et 6 ans). Quand même 30% des patients lors de la dernière évaluation à 6 ans étaient en rémission. Parmi les facteurs associés à la rémission ou non:
  1. Plus le TOC était sévère au départ moins le patient avait de chance d'être en rémission,
  2. Si le TOC débutait après 19 ans, cela augmentait la probabilité de rémission, ce qui souligne le poids de la génétique dans le TOC de l'enfant/ado
  3. Plus le patient était agé, plus il avait de chance d'être en rémission, ce qui montre qu'avec le temps on augmente la chance d'être guéri
  4. Le fait d'être un garçon rend plus probable la rémission, ce qui souligne selon moi le caractère neurodéveloppemental de certains TOC.
Au total, non seulement rien est perdu, et surtout, ce qu'ils ne précisent pas c'est la sévérité du TOC, un avoir un TOC chronique qui commence à 40 de YBOCS puis finit par se stabiliser à 14, certes le TOC est toujours là mais on peut espérer que le patient ait retrouvé une vie correcte, pas parfaite, mais vivable. Ils ne cherchent pas d'association avec la sévérité (qui présente des degrés) mais avec un statut (oui/non). Et n'oubliez pas que tout cela ne sont que des statistiques, cela ne dit rien de chaque cas particulier! Donc ne perdez pas espoir!

Excessive Checking in Obsessive-Compulsive Disorder: Neurochemical Correlates Revealed by 7T Magnetic Resonance Spectroscopy

Vérifications excessives dans le trouble obsessionnel-compulsif : la spectroscopie à résonance magnétique à 7 Tesla révèle des corrélats neurochimiques
Dans cette étude les chercheurs ont comparés 31 patients souffrant de TOC avec 29 sujets contrôles, c'est à dire sans maladie psychiatrique. Chaque participant se voyait présenter de façon successive 2 images sur un écran d'ordinateur et devait indiquer ensuite si les 2 images qu'il avait vu étaient les mêmes. Avant de donner sa réponse, il pouvait retourner en arrière regarder de nouveau les images, ce qui comptait alors comme une vérification. Après avoir donné sa réponse, on demandait au participant à quel point il était certain de sa réponse. Après cette tâche, les participants passaient une IRM.
Tout d'abord, les patients TOC ressentaient un besoin accru de vérification et étaient moins confiant dans leurs réponses que les sujets contrôles. Le plus important dans cette étude était de constater que le ratio au sein d'une région particulière du cerveau (cortex cingulaire antérieur) glutamate(neurotransmetteur excitateur) / GABA (neurotransmetteur inhibiteur) était corrélé avec le niveau de vérification: plus les patients vérifiaient, plus ce ratio diminuait. Mais une telle relation n'existait pas chez les participants contrôles.
Cela pouvait signifier selon les auteurs qu'il existe un déséquilibre entre inhibition et excitation au sein de cette région du cerveau chez les patients TOC qui pourrait être lié au doute et à la vérification d'une manière ou d'une autre et le rendre pathologique.
On ne peut pas dire beaucoup plus de cette étude et surtout il ne faut pas en tirer de conclusion trop hâtives/simplistes (comme il suffirait de corriger ce déséquilibre pour traiter le TOC, on n'en est pas du tout là pour un million de raisons!). Les choses avancent leeeeeentement.
Désolé si l'article est un peu compliqué, cela dépendra des semaines et des nouvelles études sorties!
Bon courage à tous!

Targeting the prefrontal-supplementary motor network in obsessive-compulsive disorder with intensified electrical stimulation in two dosages: a randomized, controlled trial

Ciblage de l'aire motrice supplémentaire et du cortex préfrontal dans le trouble obsessionnel-compulsif par une stimulation électrique intensifiée à deux doses : un essai clinique aléatoire contrôlé
Dans cette simple étude, les auteurs ont étudiés trois groupes de 13 patients souffrant de TOC. Deux groupes étaient traités par tDCS (transcranial direct current stimulation) qui est un traitement par stimulation électrique mais non invasive, on applique simplement un faible courant électrique sur le crâne. Le premier groupe était traité par un courant de 1mA et le second à 2mA. Le troisième groupe n'était pas traité. Les deux électrodes étaient placés au dessus de deux régions spécifiques, on va pas entrer dans les détails. Les patients étaient stimulés pendant 20 minutes pour un total de 10 sessions.
1 mois après l'intervention, les patients traités à 2mA passaient d'un score de 28 à la Y-BOCS à 19 en moyenne, ceux qui n'étaient traités restaient autour de 28. Les patients à 1mA, présentait des résultats intermédiaire entre les deux groupes. Les patients à 2mA amélioraient aussi leur moral à 1 mois.
Cette étude est ainsi assez prometteuse, ce d'autant le peu de lourdeur d'un tel protocole. C'est plutôt encourageant mais cela demande encore à être confirmé (les précédentes études sur la tDCS n'étaient pas aussi prometteuses dans mes souvenirs), mais ça pourrait être une arme de plus dans l'arsenal thérapeutique anti TOC.

Pallidum volume as a predictor for the effectiveness of mindfulness-based cognitive therapy and psycho-education in unmedicated patients with obsessive-compulsive disorder

La taille du pallidum pourrait prédire de l'efficacité des thérapies cognitives basées sur la pleine conscience et de la psychoéducation chez les patients non-médicamentés atteints de trouble obsessionnel-compulsi

Dans cette étude, les auteurs ont comparé 16 patients suivant un programme de mindfullness   thérapie pleine conscience) et 16 patients recevant une éducation sur leur maladie pendant 10 semaines également. Avant de commencer les thérapies, les patients passaient une IRM.

Il ressortait que les patients suivant le programme de mindfullness s'amélioraient de façon plus importante (YBOCS qui passait de 22 à 10) que ceux ne recevant qu'une éducation thérapeutique (YBOCS passant de 20 à 15). Par ailleurs, les auteurs constataient que les patients présentant un volume pallidal plus important (le pallidum est une région particulière du cerveau) s'amélioraient plus que les patients présentant un volume de cette région moins importante, peu importe la thérapie suivie.

Comme toujours, les résultats sont à prendre avec des pincettes mais montre bien que tous les patients ne sont pas égaux devant les traitements quelques soit leur nature, et leur réponse peut ainsi dépendre en partie de facteurs anatomique comme ici le volume du pallidum.

Bon courage à tous!

https://www.sciencedirect.com/.../pii/S0010440X24000130...

Comparative efficacy of repetitive transcranial magnetic stimulation protocols for obsessive-compulsive disorder: A network meta-analysis

Efficacité comparée des protocoles de stimulation magnétique transcrânienne répétée pour le trouble obsessionnel-compulsif : Une méta-analyse en réseau

Dans cette étude, les auteurs ont analysé l'ensemble des études portant sur une technique de stimulation magnétique non invasive (rTMS) et ont regardé l'efficacité de cette technique dans le TOC en fonction de la zone du cerveau ciblé. Il en ressort qu'une stimulation qui mène les neurones d'une région particulière du cortex prefrontale (cortex préfrontal dorsolatéral) est efficace si elle est mené des deux cotés (à droite et à gauche), qu'une sitmulation qui cette fois inhibe l'activité des neurones du cortex préfrontal dorsolatéral est efficace si elle est appliquée seulement à gauche, enfin une stimulation d'une autre région du cerveau (cortex cingulaire antérieur) semble efficace.

Bien évidemment cela dépend des patients, de la nature du protocole (durée des séances, fréquence des séances, capacité à bien cibler les régions souhaitées etc....).

Mais cette méthode avec la tDCS que j'ai présenté il y a quelques semaines peuvent pourquoi pas s'avérer utiles pour certains patients résistants. A suivre.

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1876201824000546?casa_token=U68ccdGzRQ8AAAAA:fDGHn_GIquR_8Dye8XfD27iu72KSTsAt7ELvDJgVq5ysPJLbvJnCi6ytO5IUBDcuKZydpCbLnA

Selective alterations of endocannabinoid system genes expression in obsessive compulsive disorder

Altérations sélectives de l'expression des gènes du système endocannabinoïde dans le trouble obsessionnel-compulsif

Dans cette étude, les chercheurs ont recherché sur des cellules sanguines circulantes (donc pas des cellules cérébrales, ce qui limite toujours la portée des résultats) ce qui l'en était des gènes impliqués dans le système endocannabinoïde (système impliqué dans des tas de processus différents, tant cognitifs qu'immunologiques). Les auteurs n'ont étudié que 35 patients souffrant de TOC (ce qui est très peu pour une étude génétique) et les ont comparé avec 32 sujets sains.

Les auteurs ont retrouvé que 3 gènes de ce système étaient moins actifs que chez les sujets sains (ce n'est pas précisé mais je présume que cela signifie une moindre importante d'ARNm retrouvé en lien avec ces protéines), et cela était possiblement du pour un de ces 3 gènes à un phénomène épigénétique (disons une modification acquise et non héritée d'un gène).

Il faut garder en tête qu'il ne s'agit ici que d'association, rien ne dit que des différences d'expressions de ces trois gènes aboutissent au TOC, il faut certainement l'implication d'autres mutations encore comme c'est le cas des maladies polygéniques tels que le TOC. Mais c'est intéressant de voir qu'un tel système pourrait être impliqué dans le TOC.

Surtout, quand je lis ce type d'étude, bien que d'impact limité pour les patients (comme la plupart des études, les avancées pour les patients sont lentes, ils faut passer par toutes ces études "inutiles" avant d'en ressortir une avancée concrète), je pense surtout aux parents de patients que je reçois: non, l'éducation n'y est pour rien dans l'écrasante majorité des cas de TOC, il s'agit le plus souvent de malchance, d'un mauvais mélange de gène qui se fait par hasard entre les deux parents et abouti à la maladie. Non vous n'y êtes pour rien, vous n'avez juste pas de chance et il faut maintenant trouver un moyen de réparer cela.

 

https://www.nature.com/articles/s41398-024-02829-8

 

Comparison of Disease Severity, Anxiety and Depression in Obsessive-Compulsive Disorder Patients with different Insight

Comparaison de la gravité de la maladie, de l'anxiété et de la dépression chez des patients atteints de trouble obsessionnel-compulsif et avec différents niveaux de conscience de la maladie

Dans cette étude, les auteurs ont regardé les liens qui existaient entre la conscience de la maladie (plus exactement, la conscience que les symptômes du patient proviennent du TOC: "oui je suis certain que je ne mourrai pas parce que j'ai touché la table, je sais que cette crainte vient de mon TOC" -> bonne conscience de la maladie, versus "je suis certain que je vais mourir de contamination si je touche la table, vous dites que c'est un TOC mais moi je suis sûr que c'est vrai" -> mauvaise conscience de la maladie).

Les auteurs ont étudiés 80 patients souffrant de TOC avec une bonne conscience de la maladie contre 31 avec une mauvaise conscience de la maladie. Les auteurs retrouvaient que les patients avec une mauvaise conscience de la maladie avait un TOC plus sévère, et étaient plus anxieux et plus déprimés. De plus, il semble que plus les patients ont conscience d'avoir besoin d'un traitement, moins ils sont sévère.

Au total, tous ces résultats étaient sommes toutes connus et logiques néanmoins ils illustrent combien il est important ce travail de reconnaissance de la maladie, de reconnaissance des pensées obsédantes et de leur réattribution à la maladie et non à des convictions erronées qui sont le propre du TOC (tout le piège est là!).

Je vous souhaite à tous un bon courage,

(et n'écoutez pas trop ce que vous raconte votre tête! La méditation est un bon exercice à long terme pour aider à prendre du recul par rapport à nos mauvaises pensées!)

https://actaspsiquiatria.es/.../actas/article/view/1546/2451

Heritability of Clinically Diagnosed Obsessive-Compulsive Disorder Among Twins

Héritabilité chez les jumeaux du trouble obsessionnel-compulsif cliniquement diagnostiqué

L'héritabilité, pour le dire simplement, est la part du TOC liée simplement à la génétique. Cette étude a porté sur 130.000 jumeaux (vrais ou faux). Elle a montré que la génétique expliquait 50% du TOC des patients.

Cela signifie deux choses: qu'il n'y a pas de TOC sans génétique d'une part car l'héritabilité n'est pas de 0%. Mais cela veut dire également que la génétique n'est pas une fatalité, et c'est important de le comprendre. Pour illustrer cela, prenons les résultats même de l'étude: ils ont trouvé 15 pairs de vrais jumeaux où les deux jumeaux étaient malades mais 199 ou seul un des deux étaient malades, malgré une génétique commune donc! Et c'est effectivement ce que je constate chez les jumeaux que j'ai suivi, ma plupart du temps, un seul est atteint! Pour tous les parents qui liront cela: le TOC de votre enfant est une histoire de malchance: vous pouvez avoir un enfant souffrant de TOC et 25 autres sans TOC... même s'ils sont jumeaux! Et d'autre part vous pouvez voir que l'éducation a peu d'impact car les 50% restant du TOC non expliqués par la génétique sont expliqués par un environnement NON partagé puisque l'éducation est généralement la même pour deux jumeaux.

Au total: pas de culpabilisation dans le TOC de votre enfant! Et si on est patient, idem, rien ne sert de regarder le passé, on ne possède pas de machine à remonter le temps mais on a des armes pour combattre une fragilité! Et très important: pour tout un tas de raisons, génétique ne signifie pas irréversibilité! On peut être diabétique et s'améliorer voire guérir avec l'alimentation et pourtant Dieu sait la part de la génétique dans le diabète!

https://jamanetwork.com/.../jamapsych.../fullarticle/2817090

Family accommodation in obsessive-compulsive disorder: An updated systematic review and meta-analysis

L’accommodement familial dans le trouble obsessionnel-compulsif : une revue systématique et une méta-analyse mises à jour

Résumé

L'accomodement familial pourrait jouer un rôle crucial dans le trouble obsessionnel-compulsif (TOC). Les revues systématiques précédentes sur l'accommodement familial dans le TOC se sont concentrées sur des populations ou des variables spécifiques ou sont obsolètes. Nous avons mené une revue systématique et une méta-analyse préenregistrées sur l'accomodement familial chez les adultes, les enfants et les adolescents atteints de TOC (CRD42021264461). Nous avons effectué des recherches dans PubMed, Scopus et Web of Science en utilisant les mots-clés « accommodement familial » et « trouble obsessionnel-compulsif ». Cent-huit études portant sur 8 928 personnes atteintes de TOC ont été incluses. Nos résultats indiquent que les niveaux d'accommodement familial dans le TOC sont modérés, qu'il existe une corrélation positive significative entre l'accommodement familial et la gravité du TOC (r = 0,42), que l'accommodement familial de base ne prédit pas le changement de la gravité du TOC avant et après le traitement (g = −0,03) et que l'accommodement familial diminue à mesure que résultat d'une thérapie cognitivo-comportementale centrée sur l'individu et la famille pour le TOC (g = 2,00 et g = 1,17, respectivement). Nos résultats mettent en évidence la pertinence de l'accommodement familial dans le TOC et peuvent aider à orienter l'évaluation et le traitement.

Introduction

Les obsessions persistantes (pensées, images ou impulsions intrusives provoquant de la détresse) et/ou les compulsions (comportements manifestes ou cachés réduisant la détresse en réponse aux obsessions) caractérisent le trouble obsessionnel-compulsif (TOC) (American Psychiatric Association, 2013). Le TOC apparaît généralement pendant l’enfance ou au début de l’âge adulte (Stein et al., 2019) et constitue une affection relativement fréquente, avec une prévalence au cours de la vie d’environ 2 % (Fawcett et al., 2020, Ruscio et al., 2010). Le trouble est souvent débilitant, provoquant une détresse et des déficiences importantes (Stein et al., 2019, Steketee, 1997).

Les facteurs familiaux jouent un rôle important dans le TOC. D'une part, les variables liées à la famille (par exemple, certains styles d'éducation parentale ou troubles mentaux parentaux) ont déjà été associées à un risque accru de TOC (par exemple, Fullana et al., 2020 ; Mataix-Cols et al., 2013). ). D’un autre côté, les TOC peuvent influencer la dynamique familiale (Murthy et al., 2022), ce qui a conduit certains auteurs à forger le terme « hébergement familial ». L'accommodement familial fait référence à l'implication ou à la participation familiale aux compulsions ou aux comportements d'évitement d'une personne et à la modification de la routine familiale en raison des symptômes (Calvocoressi et al., 1999). Les analyses factorielles des échelles d'accommodement suggèrent que l'accommodement familial comprend plusieurs domaines (par exemple, la participation, la modification, la détresse et les conséquences ; Albert et al., 2010). De plus, des recherches antérieures suggèrent également que différents membres de la famille, tels que les parents, les partenaires ou les frères et sœurs, peuvent présenter différents types de comportements d'accommodement (Barrett et al. 2000 ; Boeding et al., 2013). Bien qu'elles ne soient pas exclusives au TOC (par exemple Shimshoni et al., 2019), la plupart des recherches sur l'accommodation familiale ont été menées sur ce trouble, en particulier dans les populations pédiatriques (Flessner et al., 2011, Merlo et al., 2009, Monzani et al. ., 2020, Peris et al., 2008, Storch et al., 2010, Wu et al., 2019).

L'hébergement familial a été principalement évalué à l'aide de différentes versions de l' échelle d'hébergement familial originale à 9 éléments évaluée par l'intervieweur (FAS-9-IR ; Calvocoressi et al., 1995). Il s'agit notamment des versions à 13 items (FAS-13-IR; Calvocoressi et al., 1995) et à 12 items (FAS-12-IR; Calvocoressi et al., 1999) évaluées par l'intervieweur, ainsi que plusieurs versions d'auto-évaluation, à savoir le SAF en 19 items (FAS-19-SR ; Pinto et al., 2013), évalué par un proche ; le FAS en 12 éléments (FAS-12-PR ; Flessner et al., 2009), évalué par un parent ; le SAF en 19 items (FAS-19-PV ; Wu et al., 2016b), évalué par le patient ; et l' échelle d'hébergement des frères et sœurs en 8 éléments (SAS-8 ; Barrett et al., 2000), évaluée par un frère ou une sœur.

Deux méta-analyses ont confirmé des effets modérés sur la corrélation entre l'accommodation familiale et la gravité des symptômes du TOC. Dans la première de ces méta-analyses ( k = 14), la taille globale de l'effet était r = 0,35, sans preuve d'hétérogénéité substantielle ou de biais de publication (Strauss et al., 2015). Dans une deuxième méta-analyse plus approfondie ( k = 41), la taille globale de l'effet pour cette association était r = 0,42 (Wu et al., 2016a). Cette méta-analyse a cependant mis en évidence une hétérogénéité significative et un biais de publication potentiel. De plus, l’étude a montré que l’instrument utilisé pour évaluer l’accommodation (en particulier son nombre d’éléments) modifiait significativement l’association entre l’accommodation et la gravité des symptômes du TOC, l’échelle FAS 9-IR montrant des corrélations plus fortes entre l’accommodation et la gravité des TOC (Wu et al. , 2016a). Une explication possible pourrait être que le FAS 9-IR évalue l’hébergement familial sur une période plus large (le mois dernier) par rapport à d’autres échelles (une semaine).

L'association entre l'hébergement familial et le traitement des TOC a été étudiée dans quatre méta-analyses (Iniesta-Sepulveda et al., 2017, McGrath et Abbott, 2019, Stewart et al., 2020, Thompson-Hollands et al., 2014). Thompson-Hollands et coll. (2014) ont examiné les effets des traitements psychologiques pour le TOC incluant des membres de la famille ( k = 29). Cette méta-analyse a montré que les traitements incluant la famille avaient un effet important avant et après le traitement sur les symptômes du TOC ( d = 1,68) et que les traitements ciblant l'hébergement familial dans le TOC ( k = 12) produisaient de plus grandes améliorations ( d = 1,09) dans fonctionnels que ceux qui ne le faisaient pas ( k =3; d =0,58). Iniesta-Sepúlveda et al. (2017) ont examiné les effets du traitement cognitif-comportemental-familial dans des échantillons pédiatriques de TOC ( k = 27). Ils ont conclu que ce traitement réduisait efficacement la gravité des symptômes du TOC et l’accommodation familiale. Cependant, les effets sur l'amélioration de la gravité des symptômes du TOC étaient beaucoup plus élevés ( d = 1,46) que ceux sur l'hébergement familial ( d = 0,51), et les résultats étaient très hétérogènes. Une autre méta-analyse examinant les effets des interventions familiales sur le TOC pédiatrique (McGrath et Abbott, 2019 ; k = 37) a révélé un effet important sur la gravité des symptômes du TOC ( g = 1,56) et l'amélioration de l'accommodation familiale ( g = 1,00). Enfin, Stewart et al. (2020) ( k = 16) ont constaté que les interventions familiales améliorent à la fois la gravité des symptômes du TOC ( g = 1,20) et l'accommodation familiale ( g = 0,83) dans le TOC adulte. De plus, dans cette méta-analyse, les interventions basées sur la famille étaient associées à une meilleure gravité des symptômes du TOC et à de meilleurs résultats en matière d'accommodation familiale que les interventions basées sur l'individu. En résumé, des méta-analyses antérieures sur l'accommodement familial suggèrent que les traitements efficaces contre le TOC diminuent l'accommodement familial.

Cependant, certaines questions cruciales n'ont pas encore trouvé de réponse au niveau méta-analytique, par exemple, si l'accommodement familial de base prédit les résultats du traitement ou si différentes modalités de traitement montrent des effets différentiels sur l'accommodement familial. Les limites pertinentes des méta-analyses de traitement précédentes sont qu'elles combinaient à la fois des essais randomisés et non randomisés et n'évaluaient pas le risque potentiel de biais des études incluses. En outre, la plupart des méta-analyses (3 sur 4) se sont concentrées sur des populations pédiatriques ou adultes, en supposant que l'âge module les effets du traitement, bien que les preuves étayant cette affirmation soient incohérentes (Olatunji et al., 2013).

Dans cette étude, nous avons comblé ces lacunes et mené une revue systématique mise à jour et une méta-analyse sur l'association entre l'accommodement familial et le TOC. Notre étude comprenait soixante-seize nouvelles études par rapport à la dernière méta-analyse publiée incluant à la fois des adultes et des enfants ou adolescents (Wu et al., 2016a). Nous avons d'abord estimé le niveau d'accommodement familial dans différentes populations de TOC, mesuré à l'aide de différents instruments. Dans le cadre d'une nouveauté de notre travail, nous avons standardisé les scores d'accommodement familial pour atteindre cet objectif. Nous avons également fourni des estimations mises à jour sur l'association entre l'accommodation familiale et la gravité des symptômes du TOC. Nous avons ensuite cherché à répondre à deux questions liées au traitement, en prenant en compte la conception de l'étude (ECR vs non-ECR) comme modérateur potentiel et en menant une évaluation spécifique du risque de biais. Premièrement, l’accommodement familial de base est-il associé aux résultats du traitement du TOC ? Et deuxièmement, l’hébergement familial change-t-il au fil du traitement du TOC et selon les différentes modalités de traitement du TOC ?

 

 

Extraits de section

Méthodes

Cette revue systématique et cette méta-analyse ont suivi les lignes directrices PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses) (Page et al., 2021). Nous avons pré-enregistré le protocole d'étude auprès du Registre prospectif international des revues systématiques (CRD42021264461) avant l'extraction et les analyses des données.

Études incluses

Nous avons identifié 463 articles uniques, parmi lesquels 273 titres et résumés ont été sélectionnés pour une évaluation du texte intégral (Fig. 1). La sélection finale comprenait 117 études et 9 787 personnes atteintes de TOC (44,77 % de femmes ; 68,21 % d'enfants). Toutes les données extraites pour la méta-analyse peuvent être trouvées dans le supplément en ligne , y compris une liste de toutes les études incluses et exclues et les raisons de l'exclusion.

Niveau d'accommodation familiale dans le trouble obsessionnel-compulsif

Pour cette méta-analyse, nous avons inclus 102 études et 102 ensembles de données fournissant des scores moyens sur la famille.

Discussion

Nous avons mené une revue systématique et une méta-analyse mises à jour sur l'hébergement familial chez les enfants, les adolescents et les adultes atteints de TOC, comblant plusieurs lacunes dans nos connaissances actuelles et les limites des travaux méta-analytiques précédents. La méta-analyse actuelle est la plus importante sur ce sujet, comprenant plus de 100 études individuelles et des données provenant de plus de 8 000 participants. Quatre conclusions peuvent être tirées de nos résultats.

Premièrement, les niveaux d’accommodement familial sont modérés tant chez les enfants que chez les adultes.

Prevalence and Correlates of the Concurrence of Autism Spectrum Disorder and Obsessive Compulsive Disorder in Children and Adolescents: A Systematic Review and Meta-Analysis

Prévalence et corrélation de la concomitance du trouble du spectre autistique et du trouble obsessionnel compulsif chez les enfants et les adolescents : une revue systématique et une méta-analyse

Résumé

Contexte : Les troubles du spectre autistique (TSA) et le trouble obsessionnel compulsif (TOC) sont deux affections neurodéveloppementales courantes et altérantes avec un chevauchement symptomatique partiel. Le but de cette étude est d'examiner systématiquement et méta-analytiquement les éléments suivants : (i) la prévalence d'un diagnostic de TOC chez les jeunes avec TSA, (ii) la prévalence d'un diagnostic de TSA chez les jeunes avec TOC, et (iii) les implications cliniques et thérapeutiques d’une telle comorbidité. Méthode : Une recherche documentaire en plusieurs étapes a été réalisée depuis la création de la base de données jusqu'au 17 novembre 2023. Cette revue systématique conforme à PRISMA/MOOSE, enregistrée dans PROSPERO (CRD42023480543), a identifié des études faisant état de la prévalence, des corrélats sociodémographiques, psychopathologiques, pronostiques et thérapeutiques du TOC. et la concurrence des TSA chez les enfants et les adolescents. Une méta-analyse quantitative avec effets aléatoires a été menée pour analyser la prévalence groupée du TOC parmi des échantillons d'âge moyen < 18 ans atteints de TSA et la prévalence du TSA chez les individus de moins de 18 ans atteints de TOC. Des analyses de sensibilité ont été réalisées pour étudier l'effet des critères de diagnostic et de différents continents. Des analyses de méta-régression ont été menées pour examiner l'effet des scores de sexe, d'âge, de QI et de gravité du TOC. Une revue narrative des implications cliniques et thérapeutiques de la comorbidité a été fournie. Résultats : 42 études ont été sélectionnées pour la revue systématique (SR), et 31 d'entre elles ont également été incluses dans l'une des méta-analyses. La prévalence regroupée des TOC parmi les échantillons de jeunes TSA (n = 8 916, âge moyen = 10,6 ± 1,6 ; 16,4 % de femmes) était de 11,6 % (intervalles de confiance [IC] à 95 % = 6,9 % ; 18,8 %), et la prévalence regroupée des TSA parmi les échantillons d'enfants et d'adolescents atteints de TOC (n = 6 209, âge moyen = 14,1 ± 1,4 ; 45,7 % de femmes) était de 9,5 % (IC à 95 % = 6,0 % ; 14,7 %). Les méta-régressions ont révélé une prévalence statistiquement plus élevée des TSA parmi les échantillons présentant une prévalence plus faible de femmes (β = −4,7 ; IC à 95 % = −8,6 ; −0,8). Les enfants atteints à la fois de TOC et de TSA présentent des taux plus élevés de déficience fonctionnelle, de psychopathologie et d'autres comorbidités, par rapport aux jeunes atteints uniquement de l'un ou l'autre de ces troubles. Conclusions : Le TOC et le TSA sont des affections hautement concurrentes chez les jeunes, avec des implications symptomatiques, pronostiques, graves et thérapeutiques. Les recherches futures devraient se concentrer sur la conduite prospective d’études de cohortes longitudinales pour déterminer les trajectoires de développement, ainsi que sur des essais contrôlés randomisés pour évaluer l’efficacité d’interventions thérapeutiques spécifiques.

Mots clés:

trouble obsessionnel compulsif ; troubles du spectre autistique ; contrainte ; rituel ; comorbidité

  1. Introduction

Le trouble du spectre autistique (TSA) est un continuum de conditions neurodéveloppementales caractérisées par des déficiences de la communication sociale réciproque et des modèles de comportement et d'intérêts restreints et répétitifs [ 1 ]. Au-delà du fardeau élevé des soins associé aux TSA, les preuves font état de niveaux extrêmement élevés de comorbidité physique et psychiatrique [ 2 ]. Jusqu'à 70 % des enfants et des adultes atteints de TSA répondent aux critères d'un trouble psychiatrique comorbide, y compris, mais sans s'y limiter, les troubles anxieux, les troubles de l'humeur dépressive et bipolaire et les troubles du spectre schizophrénique [ 3 , 4 , 5 ].

Un trouble qui survient fréquemment chez les personnes atteintes de TSA est le trouble obsessionnel compulsif (TOC), une affection courante caractérisée par des pensées non désirées et récurrentes (obsessions) et des comportements répétitifs et chronophages (compulsions), qui provoquent une détresse cliniquement significative et/ou déficience fonctionnelle importante [ 6 ]. Les comorbidités neurodéveloppementales, de l'humeur et de l'anxiété sont également courantes chez les personnes atteintes de TOC tout au long de la vie [ 7 ].

De nombreuses personnes atteintes de TSA présentent un ensemble hétérogène de comportements, qui chevauchent partiellement les symptômes associés au TOC : fixation de routine, modèles de comportement ritualisés, résistance au changement et intérêts hautement sélectifs, entre autres [ 8 ]. Les comportements répétitifs liés aux TSA peuvent remplir différentes fonctions dans l'autisme, telles que l'autostimulation, la réduction de l'anxiété ou le plaisir, et sont généralement syntoniques de l'ego [ 9 , 10 , 11 ]. Dans le TOC, les compulsions ont tendance à être ego-dystoniques et semblent être motivées par l'anxiété et neutraliser l'anxiété [ 12 ]. Cependant, cela peut être difficile à vérifier chez les jeunes enfants, en particulier lorsque le langage et la communication sont altérés [ 13 ], ce qui signifie que les symptômes peuvent être difficiles à différencier. De plus, de nombreuses personnes répondent aux critères des deux troubles et peuvent par conséquent nécessiter une approche thérapeutique différentielle pour déterminer les comportements liés au dysfonctionnement nucléaire. De plus, des études suggèrent que les personnes atteintes de TSA et de TOC concomitants peuvent présenter des caractéristiques cliniques et des expressions de symptômes différentes de celles présentant l'un ou l'autre de ces diagnostics seuls. En outre, il a été suggéré que le double diagnostic implique une plus grande gravité, une déficience fonctionnelle et une réponse thérapeutique plus faible aux interventions thérapeutiques (y compris les approches pharmacologiques et psychothérapeutiques), par rapport aux échantillons présentant uniquement un TOC ou uniquement un TSA [ 13 , 14 , 15 ] .

Bien que quelques méta-analyses aient déjà examiné l’étendue et les implications de la cooccurrence des TSA et des TOC tout au long de la vie, elles l’ont fait avec d’importantes limites. Le taux de cooccurrence reste très variable, allant de 6 % à 37 % [ 16 , 17 ], et les échantillons pédiatriques sont souvent sous-représentés par rapport aux adultes [ 7 ]. De plus, des critères restrictifs, tels que l'exclusion de toutes les études expérimentales, limitent la validité externe de leurs résultats [ 3 ]. En effet, les résultats ont été incohérents en termes de prévalence, de corrélations cliniques et thérapeutiques. Aucune étude jusqu’à présent n’a examiné de manière méta-analytique la prévalence de la comorbidité des TSA et des TOC chez les enfants et les adolescents, ainsi que ses implications en termes de psychopathologie, de pronostic et d’implications thérapeutiques.

Pour combler cette lacune, cette revue systématique et méta-analyse visent à examiner les éléments suivants : (i) la prévalence d'un diagnostic de TOC chez les personnes atteintes de TSA, (ii) la prévalence d'un diagnostic de TSA chez les personnes atteintes de TOC, et (iii) les corrélats sociodémographiques, psychopathologiques, pronostiques et thérapeutiques d’une telle comorbidité.

  1. Méthodes

Ce protocole d'étude a été enregistré sur PROSPERO (numéro d'enregistrement : CRD42023480543). L'étude a été menée conformément aux listes de contrôle « Éléments de rapport préférés pour les examens systématiques et les méta-analyses » (PRISMA) [ 18 ] ( Tableau S1 ) et « Méta-analyses des études observationnelles en épidémiologie » (MOOSE) [ 19 ] ( Tableau S2 ), suivant les « Lignes directrices de reporting EQUATOR » [ 20 ].

2.1. Stratégie de recherche et critères de sélection

Deux chercheurs indépendants (Aymerich et Pacho) ont mené une recherche systématique de la littérature jusqu'au 17 novembre 2023. Les recherches ont été effectuées à l'aide de la base de données Web of Science (Clarivate Analytics, Londres, Royaume-Uni), intégrant la Web of Science Core Collection, la BIOSIS Citation Index, la base de données KCI-Korean Journal Database, MEDLINE ® , le Russian Science Citation Index, le SciELO Citation Index, le Cochrane Central Register of Reviews et les bases de données Ovid/PsycINFO.

Les mots-clés suivants ont été utilisés : (« trouble obsessionnel compulsif » OU « obsessionnel-compulsif » OU « TOC » OU « obsess* » OU « compuls* ») ET (« autisme » OU « autistique » OU « trouble du développement de l'enfant* » OU « trouble envahissant du développement** » OU « Asperger » OU « syndrome d'Asperger » OU « trouble désintégrateur de l'enfance ») ET (« comorbidité* » OU « coexister* » OU « association » OU « relation » OU « interconnexion » OU « chevauchement » OU « co-occurrence* »).

Les critères d'inclusion pour la revue systématique étaient les suivants : (a) des études individuelles avec des données originales, (b) menées chez des enfants et des adolescents (âge moyen < 18 ans), (c) rapportant sur un échantillon répondant aux critères de TSA (y compris les trouble du développement) ou TOC, selon les critères du DSM (toute version) [ 1 , 21 , 22 ] ou les critères de la CIM (toute version) [ 23 , 24 ], (d) évaluer la prévalence, les facteurs associés, les implications cliniques ou thérapeutiques, de la comorbidité entre les troubles TOC et TSA, et (e) rédigé en anglais. Les critères supplémentaires pour les méta-analyses comprenaient les suivants : (f) des échantillons pour lesquels la présence de troubles concomitants et/ou comorbides est formellement évaluée par des échelles validées ou une évaluation clinique et (g) des échantillons ne se chevauchant pas. Lorsque plusieurs points de données étaient disponibles dans une étude, le dernier point enregistré était codé. Les études ont été examinées pour déterminer le chevauchement des échantillons, déterminé en examinant les dates d'inclusion, le type de population et le pays dans lequel l'étude a été réalisée ; en cas de chevauchement des échantillons, l’étude comportant le plus grand échantillon a ensuite été sélectionnée.

Les critères d'exclusion étaient les suivants : (a) des revues, des éditoriaux, des actes de conférence ou des rapports de cas uniques, (b) des rapports sur des individus ne répondant pas aux critères de diagnostic du DSM ou de la CIM pour les troubles susmentionnés (par exemple, diagnostiqués par des échelles auto-déclarées) , (c) rédigé dans des langues autres que l'anglais, et (d) rapportant des échantillons de moins de 20 individus. Ce seuil a été choisi conformément aux études précédentes sur le terrain [ 3 ], dans le but de maximiser les informations disponibles tout en minimisant les biais de sélection.

Les articles identifiés ont d'abord été examinés par les deux examinateurs indépendants en tant que résumés, et après avoir exclu ceux ne répondant pas aux critères d'inclusion, les textes complets des articles restants ont été évalués pour déterminer leur éligibilité. Le processus a abouti à un accord global entre les évaluateurs de 93 %. En cas de désaccord, un chercheur senior (GSP) prenait la décision finale. La recherche a été complétée par une recherche manuelle dans les références de revues systématiques et de méta-analyses précédemment publiées sur le sujet.

2.2. Extraction de données

Deux chercheurs (Pacho et Yousaf) ont extrait indépendamment les données de toutes les études incluses. Les bases de données ont ensuite été recoupées par un chercheur indépendant (Aymerich) et les divergences ont été résolues par consensus. Les variables sélectionnées comprenaient les éléments suivants : premier auteur et année de publication, pays, période de recrutement, type d'étude (transversale, cohortes, cas-témoins, essai clinique), taille de l'échantillon, critères de diagnostic, âge (moyenne ± écart type [ET ] et tranche d'âge), pourcentage de femmes, quotient intellectuel (QI) (moyenne ± écart-type), gravité des symptômes, qualité de l'étude (voir ci-dessous) et principaux résultats.

2.3. Évaluation du risque de biais (qualité)

Le risque de biais a été évalué à l'aide d'une version modifiée de l'échelle de Newcastle-Ottawa (NOS) pour les études transversales et de cohorte. Les études ont reçu de 0 à 9 points, en fonction de leur représentativité, de leur exposition, de leurs résultats, de leur période de suivi et de leurs pertes de suivi ( Tableau S3 ). Les scores ≥7-9, 4-6 et <4 étaient considérés comme présentant respectivement un risque de biais faible, intermédiaire et élevé [ 25 ].

2.4. Stratégie de synthèse de données et de statistiques

Une synthèse systématique des résultats des études incluses a été fournie. Les preuves disponibles étaient structurées en deux tableaux ; l'une incluait toutes les études étudiant la prévalence et/ou les corrélats cliniques et thérapeutiques du TOC parmi les échantillons de TSA ( Tableau 1 ), et l'autre comprenait des articles sur la prévalence et/ou les corrélats cliniques et thérapeutiques du TSA parmi les échantillons de TOC ( Tableau 2 ). Lorsqu'un article faisait état d'échantillons présentant un double diagnostic, une décision sur le tableau dans lequel inclure l'article était prise en fonction de l'objectif principal de chaque étude. Une revue narrative a été fournie, énumérant les facteurs sociodémographiques et pronostiques, les caractéristiques psychopathologiques et les corrélats thérapeutiques associés à la concurrence des TSA et des TOC chez les enfants et les adolescents.

Ensuite, nous avons effectué deux analyses distinctes. Tout d’abord, nous avons effectué une méta-analyse en utilisant, comme taille d’effet principale, la proportion (% et erreur type [SE], lorsqu’elle est disponible) de comorbidité TOC parmi les échantillons de TSA. Deuxièmement, la proportion (% et ET) de comorbidité TSA parmi les échantillons de TOC a été méta-analysée.

Des méta-régressions ont été réalisées lorsqu'un minimum de sept articles étaient disponibles pour étudier les effets de (a) l'âge moyen de l'échantillon, (b) le pourcentage de femmes, (c) le QI moyen de l'échantillon, (d) le Score de gravité de l'échantillon sur l'échelle obsessionnelle compulsive Yale-Brown (CY-BOCS) pour enfants, (e) le score de l'échelle Newcastle-Ottawa (NOS) et (f) l'année de publication. Des analyses de sensibilité ont été réalisées pour étudier l'influence des critères diagnostiques (ICD versus DSM), du type d'échantillon de TSA (incluant les individus atteints de TED versus incluant uniquement les individus atteints de TSA) et du continent d'origine de l'échantillon, lorsque plus de sept articles étaient disponibles. . L'hétérogénéité entre les études a été évaluée à l'aide des statistiques Q, la proportion de la variabilité totale des estimations de la taille de l'effet étant évaluée à l'aide de l'indice I 2 , classant l'hétérogénéité comme faible (I 2 = 25 %), moyenne (I 2 = 50 %) et élevé (I 2 = 75%) [ 26 ]. Comme l’hétérogénéité était attendue élevée, le modèle à effets aléatoires a été utilisé. Le biais de publication a été évalué en inspectant visuellement les tracés en entonnoir et en effectuant le test d'Egger, lorsque plus de sept articles étaient disponibles pour un résultat particulier [ 27 ].

Toutes les analyses ont été effectuées dans le logiciel R, version 1.4.1106, en utilisant la fonction métaprop avec le package 'meta' [ 28 ]. Le niveau de signification a été fixé à p < 0,05, bilatéral.

Tableau 1. Articles faisant état d'échantillons d'enfants et d'adolescents atteints de troubles du spectre autistique.

Tableau 2. Articles faisant état d'échantillons d'enfants et d'adolescents atteints de trouble obsessionnel compulsif.

  1. Résultats

La recherche documentaire a donné lieu à 1 342 citations via des bases de données électroniques, dont l'éligibilité a été examinée ; le texte intégral de 119 articles a été évalué et 84 ont été exclus. Sept études supplémentaires ont été incluses via une recherche manuelle. La base de données finale de la revue systématique comprenait 42 études, dont 31 ont également été incluses dans les méta-analyses, comme le montre la figure 1 [ 71 ]. Les études comprenaient des échantillons provenant de 17 pays répartis sur cinq continents, principalement d'Europe (k = 24 ; 57,1 %) et d'Amérique du Nord (k = 14 ; 33,3 %).

Effectiveness of add-on yoga in reducing the symptoms of obsessive compulsive disorder (OCD): A randomized controlled trial

Efficacité d'une prise en charge complémentaire par le yoga dans la réduction des symptômes de TOCune méta-analyse
Cette étude comparait 25 patients souffrant de TOC auquel on préconisait en plus de leur traitement habituel, des séances de yoga, et 25 patients souffrant de TOC auxquels on ne proposait rien de plus que leur traitement habituel. Les auteurs de cette étude retrouvait que les patients avec yoga amélioraient leur TOC en comparaison des ceux n'ayant rien en plus que leur traitement habituel. Comme d'habitude, il est important de noter les limites de cette étude, pour ne pas faire croire des choses qui n'existent pas forcément. Ici, il faut savoir que "rien" n'est pas un bon contrôle. C'est à dire que comparer le Yoga (ou n'importe quelle intervention) à "rien", ne démontre pas forcément l'efficacité du yoga en tant que telle. En effet, rien ne dit que les patients allaient mieux parce qu'ils se sentaient plus écoutés ou pris en charge, et que ça n'avait rien à voir avec le Yoga en soi. Un bon contrôle aurait été de comparer par exemple à une thérapie placebo: par exemple 1 heure de yoga par jour vs. 1 heure de lecture par jour.
Néanmoins, ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain, au moins on constate que le Yoga n'est pas néfaste, et ajouter le Yoga dans la prise en charge pourrait donc s'avérer utile plutôt que de ne rien faire.

 

Multifaceted, Brief Intensive Home-Based Exposure Treatment in Patients with Obsessive-Compulsive Disorder Who are Nonresponsive to Regular Cognitive Behavior Therapy: An Uncontrolled Pilot Study

Traitement par exposition intensif, bref et multiforme à domicile chez des patients souffrant de TOC et n'ayant pas répondu à un traitement par TCC classique.
Cette étude s'est intéresséeà 22 patients souffrant de TOC auxquels il était proposé 6 jours de TCC intensive, c'est à dire 9 heures d'exposition guidée par le thérapeute, 3 heures d'interventions auprès des proches, et 2 heures de discussion des activités. Les auteurs ajoutaient 3 heures d'exposition en plus mais sans le thérapeute. L'ensemble réparti donc sur 6 jours.
Ce traitement était efficace avec une YBOCS (mesure de l'intensité des symptômes de TOC) qui passait de 29 à 16 après 6 jours de thérapie puis à 17.5 à 3 mois de distance après ces 6 jours.
Le problème dans cette étude est l'absence de contrôle, il n'y a même pas de patients à côté qui ne recevaient "rien". C'est vraiment un problème important car pour peu que les thérapeutes étaient sympa, les patients pourraient avoir tendance à minimiser, même sans le faire exprès, leurs symptômes par exemple par remerciement pour l'implication des thérapeutes. Bien sûr ce n'est qu'une hypothèse, mais c'est important de toujours noter les limites des études, il faut garder un esprit critique.
Toujours est il que ça pourrait être une option supplémentaire. Bien sûr dans la vraie vie, on n'a pas forcément les moyens de dispenser une thérapie aussi intensive mais ça pourrait être intéressant comme traitement "d'attaque", pour tenter d'accélérer l'amélioration des patients.
 

Maternal accomodation of adolescent body dysmorphic disorder: clinical correlates and association with treatment outcomes

l'accomodation maternelle auprès des adolescents souffrant de dysmorphophobie: les corrélats cliniques et l'association avec les réponses au traitement.
Cette étude a été mené auprès de 131 adolescents souffrants de dysmorphophobies. En deux mots, la dysmorphophobie est une forme particulière de TOC au cours duquel les patients sont très préoccupés par leur apparences physiques et vont se regarder/vérifier de multiples fois leur apparences physiques dans un miroir et autres compulsions comparables (maquillage intempestif etc...). La distinction avec la dysmorphophobie de l'anorexie mentale est très difficile en pratique mais ici il ne s'agissait pas d'adolescent avec des troubles du comportement alimentaire, donc on parle de dysmorphophobie pour faire simple.
Toutes les mères étaient engagées dans des comportements d'accommodation, c'est à dire pour faire simple des comportements permettant une vie plus facile pour leur adolescent en leur faisant éviter des compulsions chronophages par exemple. Ceci n'est pas très étonnant, c'est le cas dans toutes les familles dont un enfant souffre de TOC, c'est très difficile à éviter et c'est humain. Ce qui est intéressant dans cette étude, une précédente étude l'avait déjà montré pour les TOC en général, c'est que ça n'impactait pas la réponse aux traitements. C'est à dire qu'il n'y avait pas de lien entre l'importance des comportements d'accommodation et la mesure dans laquelle leur adolescent s'améliorait ou non. C'est exactement ce que l'on voit en consultation. Par contre, ce qui là encore n'est pas surprenant, plus les parents (ici la mère) s'accommodaient, plus elles étaient à même de souffrir de dépression, de stress etc...
Finalement, si l'accommodation est à éviter, c'est surtout pour préserver la santé des parents, pour leur permettre de tenir le coup plus que parce que cela serait négatif pour la santé de leur enfant. En gros, faites au mieux, ce sera déjà énorme!!
 

Exploring the impact of pediatric OCD on family impairment : a consideration of parent, sibling, and affected-child perspectives

Explorer l'impact du TOC de l'enfant sur les dysfonctions familiales: du point de vue des parents, de la fratrie et du patient
Dans cette étude menée chez 185 familles, les auteurs retrouvaient que c'étaient les parents qui estimaient que le fonctionnement familial était le plus impacter par le TOC (les routines, la vie sociale, le fonctionnement académique, l'impact émotionnel), puis le patient puis la fratrie. C'est à dire que quand les auteurs demandaient le niveau d'impact sur la famille du TOC de l'enfant à la famille, au patient ou à la fratrie, c'était les parents qui considérait l'impact du TOC sur la famille comme le plus important, le patient pensait qu'il avait moins d'impact et la fratrie pensait que le TOC du patient avait encore moins d'impact sur la famille.
Cela souligne surtout, non pas que la famille souffre plus que le patient du TOC, ce serait étonnant en tout cas en termes de niveau d'anxiété (en tout cas ça parait contre intuitif), mais plutôt comme le souligne les auteurs: "This may be related to their global responsibilities as caregivers of the OCD-affected child, siblings and themselves. Parents may also shield the OCD-affected youth and siblings, for example by minimizing triggers or avoiding conflict." que ça pouvait être lié à leur responsabilité en tant que responsable de l'enfant (ou pour le dire autrement, à leur devoir "d'assurer", et donc de se mettre la pression) ou encore de soulager la douleur lié au TOC de leur enfant (par de l'accommodation par exemple).
Ceci souligne parfaitement bien que la famille dans un enfant/ado qui souffre de TOC doit être considérée et prise en compte. Leur souffrance n'est pas du tout nulle. Tout d'abord parce que le TOC par lui même impose aux parents une charge (via l'accommodation la plupart du temps inévitable), mais également parce que les parents peuvent se sentir à la fois responsable du TOC de leur enfant (quelle idée?) et impuissant à réparer leur supposée "erreur" ou à aider leur enfant (on est tous impuissant face au TOC).
Donc pour les parents d'enfants/ado qui souffrent de TOC, pensez aussi à vous (si c'est possible!). Non seulement vous n'êtes pas responsable du TOC de votre enfant (bien évidemment) mais le TOC (et non votre enfant) vous grignote également! C'est son but dans la vie. Et oui, on est impuissant face au TOC, les médecins comme les parents, à la fin c'est le TOC qui décide s'il veut partir ou non. Ce dont votre enfant à besoin, c'est de votre présence rassurante, pas de parents épuisés et énervés (ce qui est humain), donc quand c'est possible (facile à dire), pensez à vous, prenez des vacances, ne vous privez pas de sortie, ça ne changera rien au TOC de votre enfant si vous passez une soirée avec votre best friend forever, votre enfant râlera, bah il râlera, mais le but n'est pas que vous soyez toujours demain mais sur les rotules, le but c'est que vous soyez toujours là dans un an (et le moins possible sur les rotules).